Intervention de Gérard PERRON sur les politiques en faveur de l'agriculture et de l'agroalimentaire-Assemblée plénière du Conseil Général du Morbihan (29 et 30 janvier 2013)

Publié le 14 Février 2013

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2012 a été l’année de sauvetage du groupe Doux ou du moins ce qu’il en restait après les investissements hasardeux à l’étranger et une gestion catastrophique de ces dernières années.

Après des centaines d’emplois supprimés dans les différentes usines du groupe et leurs répercussions sur les éleveurs, 2013 risque d’être celle de la survie des éleveurs voire leur mort économique.

De quoi s’agit-il ? De la diminution de la moitié des subventions européennes destinées à l’exportation des poulets français plus communément appelées « restitutions » versées aux groupes agroalimentaires. Doux notamment qui est devenu au fil des années le 1er bénéficiaire en France des aides à la Politique Agricole Commune avec 55 millions d’euros perçus l’an dernier. Tilly-Sabco concerné lui aussi n’aurait touché que 19,3 millions d’euros en 2011.

Ces groupes aujourd’hui disent que sans ces primes à l’exportation, ils ne peuvent plus payer les aviculteurs aux prix pratiqués précédemment et qu’ils n’ont donc pas d’autre choix que de revoir les contrats à la baisse.

La question est donc posée : peut-on exporter de la volaille sans subvention. On savait que la suppression des restitutions était dans l’air du temps puisqu’elles avaient déjà diminué en 2012 passant de 325 € par tonne à 217 € par tonne.

La décision de la commission européenne les ferait passer cette fois ci à 108, 50 € la tonne.

Alors la chute du montant de ces aides a-t-elle été trop brutale, sans concertation et sans voir l’impact sur l’économie agricole et agroalimentaire ? Sans doute.

Alertés par les Syndicats et Associations d’éleveurs notamment de celle des fournisseurs de Doux, les pouvoirs publics, le Gouvernement envisagent des solutions pour les aviculteurs mais aussi pour que le plan de sauvetage du groupe Doux ne subisse pas le contrecoup de cette mesure européenne qui rappelons profite quasi-exclusivement aux groupes français.

Rappelons aussi que la filière du poulet export c’est 5 000 emplois en France.

Aujourd’hui on nous parle de faire bénéficier les 2 groupes du Crédit d’Impôt Compétitivité et Emploi. Mesure gouvernementale adoptée en décembre 2012 destinée entre autres à protéger l’emploi.

Cela pourrait à première vue être une solution sauf qu’il y a quelques mois Doux a supprimé plusieurs centaines d’emplois en se débarrassant du pôle frais destiné au marché français.

Faut-il que l’Etat lui accorde à nouveau de nouvelles subventions sans aucun engagement de maintien durable de l’emploi des salariés comme celui des éleveurs.

Je pose la question car elle mérite, vu l’ampleur des dégâts pouvant être causés à cette filière en cette année 2013, que des aides d’urgence soient versées. Et en 1er lieu aux agriculteurs car si le Gouvernement se contente de verser des aides aux groupes Doux et Tilly il n’est pas sûr que les contrats soient relevés et que le prix du KG de poulet leur soit payé au prix qu’il devrait être.

Au-delà de cette mesure d’urgence c’est une toute autre politique agricole qu’il faut mettre en place, une réorientation complète de notre agriculture débarrassée à terme de ces restitutions à condition que les productions soient payées à leur juste prix aux agriculteurs. Une agriculture qui fasse vivre le plus grand nombre d’exploitations et pas des industriels de l’agriculture avec des surfaces de plusieurs centaines d’hectares comme l’Europe souhaiterait pour notre pays.

 

Gérard PERRON

Maire d'Hennebont & Conseiller Général du Morbihan

Rédigé par PCF Briec-Fouesnant-Quimper

Publié dans #Vie locale

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