A PSA Aulnay, «on termine debout, la tête haute» (Libération 17/05/2013)

Publié le 24 Mai 2013

A PSA Aulnay, «on termine debout, la tête haute» (Libération 17/05/2013)

Interview Pour Jean-Pierre Mercier, délégué syndical CGT, la grève prend fin après quatre mois de lutte, mais le combat continue. La caisse de solidarité a récolté 900 000 euros, signe d'un «énorme soutien populaire».

Jean-Pierre Mercier est le délégué syndical CGT du site PSA Aulnay. Il revient, pour Libération, sur la «suspension» de la grève, après quatre mois de lutte, décidée ce mardi. La direction de PSA et la CGT ont en effet signé vendredi un accord mettant un terme au conflit, émaillé d'incidents, qui avait démarré mi-janvier. Le travail doit reprendre dès mardi matin.

«On était 600 grévistes au début du combat, on a quand terminé à plus de 200, avec un fort soutien des non-grévistes», dit-il. «Ce conflit ne concernait plus que 130 grévistes sur 2 500 salariés», assure de son côté la direction.

Ni l’un ni l’autre. On a la conviction d’être fiers d’avoir mené quatre mois de lutte face une direction dont l’actionnaire principal, la famille Peugeot, est l’une des familles les plus puissantes et les plus riches de France. On n’a pas eu la force nécessaire pour mettre Peugeot à genoux, mais on l’a mis en échec pendant quatre mois et on termine debout, la tête haute. Les seuls combats que l’on ne gagne pas sont ceux que l’on ne mène pas.

Pas mal de choses. Pour les salariés concernés par le plan social, on a obtenu un rallongement de la prime de licenciement supra-légale de 6 à 12 mois, une prime de mutation de 5 000 euros non imposables, un départ anticipé pour les travailleurs âgés passé de 30 à 36 mois. Pour les grévistes, on s’est battu et on arraché la réintégration de 4 salariés scandaleusement licenciés; l’annulation des procédures de licenciement et des poursuites pénales et disciplinaires. On a obtenu des garanties écrites pour les mutations et une indemnité forfaitaire pour ceux qui souhaiteraient quitter l’entreprise avant le 31 mai.

Que la grève ne s’élargisse pas à l’ensemble du groupe et de la filière automobile. Faire reculer Peugeot sur une fermeture d’usine était très difficile, même si vital. Cette fermeture reste injustifiable et le combat ne s’arrête pas; on reste encore plus regonflés après avoir appris à se battre pendant 4 mois, ce qui est rare et énorme. On a eu un soutien populaire large auprès du monde du travail. La caisse de grève a récolté près de 900 000 euros ! Ce qui a permis que la grève tienne et d’amortir les pertes financières. On a gagné le paiement des journées de chômage, des congés payés, la prime de 13e mois.

On a saisi toute les occasions : on a été accueilli chaleureusement par les Renault Flins, les sous-traitants Geodis ou Faurecia. On a sensibilisé les automobilistes dans des barrières de péages. On a fait plusieurs actions en direction du pouvoir politique, notamment au PS, pour dénoncer sa complicité active : depuis le début de la grève, le gouvernement a tenté de mettre des batons dans les roues de notre mobilisation. Il a tenté de casser la dynamique en convoquant des militants dans des commissariats. On a été traités comme des délinquants alors que notre combat est le combat contre le chômage et pour l’emploi...

La fin d’une étape. On est allé au plus loin pour arracher le maximum à la direction, même si on n’a pas pu faire reculer PSA sur la fermeture de l’usine ou obtenir un CDI pour tous et une pré-retraite à 55 ans. Le protocole de fin de grève signé avec la direction ne règle aucun problème sur l’emploi et les indemnités financières. Le combat continue et la direction le sait bien : en 4 mois, elle a perdu 40 000 véhicules et elle sait qu’on restera mobilisés.

source: http://www.liberation.fr/economie/2013/05/17/a-psa-aulnay-on-termine-debout-la-tete-haute_903688/

Rédigé par Section PCF de Briec-Fouesnant-Quimper

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